Bonjour à tou.te.s,
Voici quelques petites nouvelles des CRA du Mesnil-Amelot pour le mois de juin :
Pour commencer, nous vous informons que nous avons recommencé à tenir des permanences physiques au CRA n°2 du Mesnil-Amelot, du lundi au vendredi, depuis le 22 juin. Nous avons donc mis fin à la permanence téléphonique que nous avions mise en place depuis le début des mesures de confinement pour pallier notre absence.
Par ailleurs, le CRA 3, qui était fermé depuis le 25 mars, a été rouvert par l’administration depuis le 20 juin. Nous avons immédiatement mis en place une permanence téléphonique pour les retenus enfermés au CRA 3. Pour l’instant, il s’agit majoritairement de personnes qui étaient déjà au CRA 2 et qui ont été transférées au CRA 3.
Ce jour, 41 personnes sont retenues au CRA 2 et 38 au CRA 3. Sur instruction du ministère de l’intérieur, le taux de remplissage des CRA ne devrait pas être supérieur à 50% jusqu’à nouvel ordre.
Notre retour au CRA 2 du Mesnil en début de semaine nous a permis de faire un petit état des lieux des conditions d’enfermement. Avec la réouverture du CRA 3, les hommes et les femmes retenu.e.s ont pu être répartis entre les différents bâtiments et sont maintenant un.e par chambre. Espérons que ça dure !
En revanche, les conditions matérielles de rétention restent déplorables. Dans le bâtiment 12, de la zone hommes du CRA 2, on observe une fontaine d’eau potable bouchée, deux douches bouchées ainsi que deux douches détériorées qui ne sont plus utilisables. Dans le bâtiment 9, on constate également que les douches et sanitaires sont très sales et que deux douches sont bouchées. Et le bâtiment 10, qui a connu des départs de feu début mai, est toujours utilisé (une chambre est condamnée mais les autres hébergent des hommes bien que les murs soient encore couverts de suie). Cette semaine, plusieurs des hommes enfermés dans le bâtiment incendié ont adressé à la cheffe du CRA 2 une demande de transfert au CRA 3 (dont les bâtiments ont été remis en état pendant la fermeture) afin de rejoindre un bâtiment en meilleur état. Leur demande a été refusée sans autres précisions.
Depuis notre dernière lettre d’information à votre attention, à la fin du mois de mai, on note également du changement en matière d’accès aux juridictions.
En matière d’audience, les personnes enfermées sont de nouveau convoquées et escortées à l’annexe du tribunal judiciaire de Meaux pour leur audience JLD depuis la mi-juin. Après presque deux mois d’exclusion totale, les retenu.e.s peuvent donc enfin, communiquer avec l’avocat.e de permanence, faire valoir des documents pour favoriser leur libération et s’exprimer devant le juge. Les audiences JLD ont, du même coup, enfin retrouvé leur caractère public. Pourquoi se presser nous direz-vous ? Il ne s’agit que de respecter un principe fondamental du fonctionnement de la justice consacré par l’article 6-1 de la CEDH.
Le tribunal administratif de Melun, en revanche, ne s’encombre pas de telles considérations. Comme on le pressentait à la fin du mois de mai, l’organisation des audiences administratives est totalement aléatoire. Depuis le 18/05, quelques retenu.e.s ont été présenté.e.s physiquement au juge administratif (on peut les compter sur les doigts d’une main), pour les autres, ils/elles ont, dans le meilleur des cas, pu échanger quelques mots avec le juge par téléphone alors que certain.e.s ont juste été informé.e.s du déroulé d’une audience les concernant. Il semble que les avocat.e.s, quant à eux/elles, participent aux audiences par le moyen de la visio avec le juge. Encore une fois, on peine à avoir des informations précises et il semble qu’il y ait autant de « formules » que d’audiences.
Évidemment, chaque nouveau placement au CRA emporte son lot d’injustice, de frustration et de colère mais puisqu’il serait long et fastidieux de vous parler de chaque personne rencontrée, nous avons choisi de vous parler aujourd’hui de Mohamed. Mohamed est arrivé en France en 1991, alors que certain.e.s d’entre nous, intervenant.e.s Cimade au Mesnil, n’étions même pas né.e.s. Il réside avec sa concubine française et a 4 enfants français, dont le dernier est encore mineur et scolarisé. Mohamed a eu deux cartes de résident, de 1991 à 2001 et de 2001 à 2011. Malheureusement, des problèmes de santé l’ont empêché de réaliser les démarches de renouvellement en 2011. Le voilà donc enfermé au CRA du Mesnil-Amelot, sauf pour son fils, le petit dernier, à qui il explique au téléphone qu’il est en déplacement pour le travail.
Une bonne nouvelle tout de même pour finir… On se raccroche à ce qu’on peut: une retenue souffrant du VIH et de diabète a finalement été libérée par le tribunal administratif de Melun après 22 jours d’enfermement pendant lesquels elle a subi deux tentatives d’embarquement illégales.
Bonne semaine !