Bonjour à tous,
Voici les dernières nouvelles du CRA du Mesnil-Amelot et les évènements qui ont marqué la semaine.
Alors qu’un plan national de déconfinement a été annoncé et mis en place depuis le 11 mai pour les citoyens français, la situation des étrangers sans papiers reste exclue des réflexions et inquiétudes gouvernementales.
Pas de droit à la santé, pas de droit à la dignité, pas même de droit au droit pour les personnes enfermées dans les centres de rétention administrative.
En particulier, au CRA du Mesnil-Amelot les mesures sanitaires restent largement aléatoires, imprécises et désordonnées.
Les masques ont enfin fait leur apparition, certains policiers en portent mais pas tous ! Il semble que cela soit laissé à l’appréciation de chaque agent. Mesure inédite, quelques masques ont été proposés aux retenus lundi soir, ça commençait bien, mais depuis, plus rien …
En matière de distanciation, les stratégies adoptées par l’administration laissent perplexes. L’accès aux distributeurs de nourriture se fait désormais un par un, les visites extérieures sont de nouveau autorisées depuis lundi, sous haute surveillance policière, pas plus d’une personne en visite et contacts physiques interdits. En revanche, les retenus sont toujours enfermés à 2 voire 3 par chambre et prennent les repas les uns à côté des autres dans le réfectoire.
Concernant le nettoyage, les retenus se plaignent de l’état de saleté des sanitaires et des odeurs d’urine dans les chambres. Ils affirment que plusieurs douches sont bouchées et qu’il y a des fuites d’eau. C’est d’ailleurs ce que l’on peut constater dans le reportage de France 2. L’un d’entre eux se serait d’ailleurs ouvert la tête après avoir glissé dans l’eau accumulée au sol.
Le droit fondamental à la santé continue d’être ignoré.
Au Mesnil-Amelot, cette semaine, ce sont les juges qui s’improvisent médecins pour confirmer le maintien en rétention des personnes malades.
Saisi d’une demande d’examen, par un ressortissant marocain souffrant d’asthme, le MEDZO (médecin coordonnateur de zone de l’Office français de l’immigration et de l’intégration) conclut à l’incompatibilité de son état de santé avec un éloignement par voie aérienne au Maroc. L’avis médical est clair, l’état de santé de Monsieur ne lui permet pas de voyager sans risque vers le pays de renvoi. Peu importe, pour le préfet des Yvelines qui décide de le maintenir en rétention. C’est alors la juge des libertés et de la détention près le TJ de Meaux qui est saisie d’une demande de mise en liberté sur ce fondement. Pour cette juge, l’avis du MEDZO est général et lié au contexte de la pandémie, et il n’y a donc pas lieu d’en tenir compte. Selon, elle il n’y a pas lieu de considérer que l’état de santé de Monsieur est incompatible avec son maintien en rétention et son éloignement.
Pour finir, la plupart des retenus sont toujours en attente de voir examiner leur recours contre leur décision d’expulsion. Bien que le site du tribunal administratif de Melun ait annoncé une reprise progressive des audiences à partir du 11 mai, la présidente du tribunal a rapidement relativisé cette information. Concernant les retenus du Mesnil-Amelot, il n’y aurait qu’une audience de prévue, à titre exceptionnel, avec un dispositif téléphonique improvisé, et ce, sur demande spécifique d’un avocat choisi.
Ainsi, la majorité des personnes retenues au CRA restent enfermées sans perspective de libération ni d’éloignement tant que le tribunal administratif n’aura pas examiné leur situation, ce qui ne semble toujours pas d’actualité. Cela, à moins que les préfectures ne décident de les présenter à un vol illégalement, au mépris du caractère suspensif des recours introduits devant le tribunal administratif. Ainsi, ce vendredi, la préfecture du Val de Marne a conduit à l’aéroport une ressortissante brésilienne alors même que cette dernière se trouvait dans le délai de recours et avait l’intention de contester son OQTF. Ele souhaitait également déposer une demande d’asile. A cette heure, on ne sait pas si elle a pu refuser l’avion.
On vous souhaite une bonne fin de semaine malgré tout,