Portugal : appel à fermer les centres de rétention

Une lettre ouverte a été signée par 41 associations et 100 citoyens au Portugal pour la fermeture des centres de détention de migrants

Ici https://expresso.pt/opiniao/2020-04-09-Carta-aberta.-Covid-19-e-os-Centros-de-Detencao-em-Portugal-41-associacoes-e-mais-de-100-cidadaos-pedem-libertacao-dos-migrantes

Traduction deepl ci-dessous

Lettre ouverte. Covid-19 et les centres de détention au Portugal : 41 associations et plus de 100 citoyens demandent la libération des migrants

La pandémie à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui est l’un des plus grands défis de notre époque, ce qui impose de venir en aide aux personnes les plus vulnérables.

Les Centres d’établissement temporaire (CIT) et les Espaces équipés (EECIT) gérés par le Service des étrangers et des frontières (SEF) détiennent les demandeurs d’asile (en vertu de l’article 35a de la loi sur l’asile), ainsi que les personnes interdites d’entrée et les migrants devenus « irréguliers » parce qu’ils n’ont pas pu obtenir ou renouveler leur permis de séjour. Toutes ces personnes restent dans ces centres sans avoir commis de crime, mais uniquement pour leur statut de sans-papiers.

Les CIT et les EECIT ne garantissent pas la sécurité et les droits des personnes détenues, ni les conditions sanitaires et d’hygiène nécessaires pour faire face à la menace du nouveau coronavirus. La plupart des centres n’ont pas de chambres privées mais seulement des casernes, et les installations, notamment dans les aéroports, sont souvent surpeuplées. Le personnel entre et sort des locaux, où l’isolement social est impossible, et contribue ainsi à une contagion et une propagation potentielles du virus, augmentant le risque de transmission communautaire à l’intérieur et à l’extérieur de ces institutions.

Le rapport 2018 du Mécanisme national de prévention de la torture (MNP), rédigé par le bureau du médiateur, souligne les graves difficultés d’accès à la santé des personnes détenues, qui sont accompagnées par des bénévoles de l’organisation non gouvernementale Médicos do Mundo. En outre, les personnes qui ont souvent subi de graves traumatismes et des violences sont laissées sans aucun soutien psychologique ou même juridique. Que ce soit à travers les rapports des organismes publics, comme dans le cas du MNP, ou à travers les rapports des avocats, des détenus eux-mêmes et de leurs familles, ou des organisations non gouvernementales, il est clair que les centres de détention ne sont pas capables de gérer une crise de santé publique.

Cependant, les risques ne sont pas seulement liés à la contagion, mais aussi à des questions juridiques et morales. La détention des migrants et des demandeurs d’asile légitime la criminalisation de la liberté de circulation, renforçant ainsi le racisme et la xénophobie. La détention de personnes uniquement parce qu’elles sont des migrants est discutable, mais à une époque où la plupart des vols sont suspendus et où le rapatriement vers les pays d’origine est donc impossible, elle est tout simplement indéfendable d’un point de vue juridique et moral, comme l’a par exemple souligné le groupe de recherche de l’université d’Oxford sur la criminologie des frontières.

Les événements du 12 mars, lorsque trois inspecteurs du SEF auraient torturé et assassiné Ihor Homeniuk, un citoyen ukrainien, à l’EECIT de l’aéroport de Lisbonne, ont confirmé la vulnérabilité des personnes détenues dans ces centres, indépendamment de l’apparition du virus. Bien qu’il soit d’une brutalité particulière, il ne s’agit pas d’un cas isolé en ce qui concerne les attaques au sein de ces centres. Le MNP a fait état de « rapports de mauvais traitements qui auraient été infligés par des agents du SEF lors de contrôles à l’entrée sur le territoire national ».

En juillet 2018, un arrêté du ministre de l’Intérieur a déterminé que le séjour maximum des mineurs de moins de 16 ans, lorsqu’ils sont accompagnés, est de 7 jours ouvrables. Cette mesure, bien qu’elle constitue un pas dans la bonne direction, est loin de la situation idéale. La détention de mineurs, accompagnés ou non, pour quelque période que ce soit, ne protège jamais leurs intérêts et constitue une violation flagrante de toutes les conventions protégeant les droits des enfants.

Dans un récent communiqué, le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, a déclaré que plusieurs pays européens tels que la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont déjà libéré des migrants détenus en réponse à cette crise, en exhortant d’autres États à faire de même. Elle a poursuivi en disant que « les Etats membres doivent veiller à ce que les personnes libérées des centres de détention aient un accès approprié au logement et aux services de base, y compris la santé. Cela est nécessaire pour sauvegarder leur dignité ainsi que la santé publique dans les États membres ». Le même appel a été lancé par le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, qui a averti les gouvernements de ne pas oublier ces personnes qui sont les plus vulnérables.

Nous avons la preuve que, même après la dépêche n° 3863-B/2020, plusieurs personnes, adultes et mineurs, sont toujours détenues dans ces centres. En raison du manque d’informations publiques et transparentes sur ces institutions et sur ce qui s’y passe, il n’est pas possible de savoir comment la situation évolue aujourd’hui, ce qui suscite de grandes inquiétudes. Le gouvernement portugais a maintenant la possibilité d’assurer la sécurité de ces personnes et du personnel travaillant dans ces centres, et de contribuer ainsi à la sécurité de la société en général. Il est de la plus haute importance que le gouvernement agisse maintenant, avant que le scénario prévisible de surcharge des services de santé ne se produise.

Compte tenu de la pandémie en cours, dont la durée et les conséquences sont imprévisibles, les signataires de la présente lettre ouverte appellent le gouvernement portugais pour que :

a) toutes les personnes qui sont encore détenues et fermées tous les CIT et EECIT en activité soient libérés immédiatement ;

b) ces personnes soient inscrites dans l’ordonnance n° 3863-B/2020 du 27 mars afin de leur garantir le droit à la santé ainsi que tous les droits de protection sociale pour sauvegarder leur dignité humaine ;

c) soit réévaluée la pertinence de l’existence de ces centres, dont les coûts humains et économiques sont, au mieux, totalement évitables, non seulement en période de pandémie mais en général.